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Violaine Houdart Merot rappelle que l’œuvre d’Annie Ernaux est largement autobiographique et insolite, novatrice, et renouvelle l’écriture du « moi ». Paradoxalement, le lieu, chez Annie Ernaux, n’existe pas pour lui même. Elle reconnaît apprécier peu les descriptions.
Violaine Houdart Merot présente plusieurs lieux importants dans le parcours artistique d’Annie Ernaux. C’est le cas d’Yvetot, ville d’origine de l’auteur, où elle a rencontré un sentiment de honte sociale. C’est le cas de Paris, et du passage Cardinet à Paris, lieu de son avortement, tournant de sa vie. Autre lieu : Annecy, lieu d’enlisement, décrit dans la « Femme gelée », où elle vivra sa vie de femme mariée, marquée par l’ennui.
Dans « Une Femme », Annie Ernaux, évoque son arrivée en 1970 en région parisienne, un endroit « sans regard ». Cet espace va jouer un rôle de premier ordre dans son œuvre. Plus spécialement, le centre commercial des « Trois Fontaines » de Cergy devient rapidement un sujet d’observation. Pôle d’aimantation de l’écriture, les centres commerciaux ne se réduisent pas chez elle à des lieux de transit. Elle en fait d’authentiques objets littéraires.
La description des grandes surfaces est l’occasion pour Annie Ernaux d’en dénoncer les manipulations et stratégies commerciales, et de peindre la condition de l’homme moderne, notamment dans « Regarde les lumières mon amour ». Cette peinture entre toutefois en tension avec la dimension « spectacle » qui trouve Annie Ernaux, et les formes de convivialité qu’elle y décèle.