- Écouter sur iTunes ou Soundcloud
- Télécharger l’enregistrement audio
Comprendre les soulèvements arabes
1. Repères historiques
Jean-Paul Chagnollaud replace dans l’histoire le contexte dans lequel interviennent aujourd’hui les révolutions et soulèvements arabes. Il rappelle que, à l’issue de la Première Guerre mondiale, les Nations victorieuses se sont partagées les territoires des pays vaincus. Ce fut l’acte de naissance de nombreux États arabes, créés artificiellement et imposés à des sociétés qui subissaient déjà le joug du défunt empire Ottoman et qui subiront longtemps les affres de la domination extérieure sous différentes formes. Les révolutions qui se produisent aujourd’hui constituent la première forme de soulèvement de ces sociétés contre leurs États.
2. Les raisons des révoltes
Les décennies qui suivirent la création de ces États furent marquées à peu près partout par des logiques autoritaires imposées par la colonisation. Reprenant la terminologie de Max Weber, Jean-Paul Chagnollaud distingue selon que ces logiques furent fondées sur une légitimité charismatique (Egypte, Lybie, etc.), adossée à l’armée, ou sur une légitimité traditionnelle (Maroc, Jordanie, etc.). Si la première légitimité a globalement su s’adapter et résister à l’érosion du temps, la seconde est partout emportée par une soif de dignité des populations et un refus du sentiment omniprésent de peur.
3. Les acteurs en présence
Quels sont les acteurs aujourd’hui en situation ? Jean-Paul Chagnollaud explique que l’Islam politique, longtemps délibérément occulté par les États occidentaux, qui ont préféré soutenir pendant des décennies les régimes autoritaires, ne peut plus être ignoré. Le respect de la démocratie implique que les États occidentaux reconnaissent les résultats des élections, même quand les « islamistes » – notion floue – obtiennent des bons scores. A côté des islamistes, les libéraux constituent une force politique moins bien implantée et souvent divisée mais qui demeure une alternative solide.
4. Et après ?
Jean-Paul Chagnollaud rappelle que les sociétés du Machrek, davantage que celles du Maghreb, sont souvent hétérogènes, et que l’avenir des minorités dans ces sociétés à l’issue des soulèvements est une question qui demeure entière. Autre enjeu : les États occidentaux soutiennent classiquement les régimes en place, surtout depuis le 11 septembre 2011. Cette position semble actuellement évoluer depuis peu mais cette tendance se confirmera-t-elle ? En conclusion, Jean-Paul Chagnollaud estime que les soulèvements arabes constituent moins l’achèvement d’une histoire que le début d’une autre.