Face à l’émergence des cyberviolences à caractère sexiste et sexuel chez les jeunes d’école primaire et de collège, de nombreux parents et éducateurs expriment leur inquiétude. Comment ces violences entre jeunes, amplifiées par les outils du numérique, influencent-elles la socialisation genrée entre pairs ? Quels mécanismes sous-jacents expliquent ces comportements, et comment les prévenir ? Sigolène Couchot-Schiex, professeure des universités en Sciences de l’éducation et de la formation à CY2, présen- tera et analysera ces enjeux cruciaux.
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Sigolène Couchot-Schiex exprime sa gratitude pour l’organisation de la conférence et introduit son sujet sur les questions sociologiques actuelles liées à l’école, tout en soulignant l’importance du téléphone portable, devenu omniprésent et essentiel dans la vie quotidienne des jeunes
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L’intervenante discute des préoccupations sociales autour du téléphone portable, notamment les craintes des parents concernant les prédateurs en ligne, tout en soulignant que les véritables enjeux sont les violences et cyberviolences entre adolescents, qui se poursuivent dans le cyberespace, affectant le climat scolaire et la socialisation des jeunes.
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La spécialiste présente les résultats d’enquêtes menées dans les établissements scolaires, montrant que les élèves sont fréquemment témoins et victimes d’insultes sur leur apparence physique, avec des violences sexistes et homophobes qui se produisent aussi bien à l’école que sur les réseaux sociaux, mais qui se renforcent particulièrement lorsque ces insultes se prolongent en dehors de l’établissement, affectant surtout les filles et les garçons perçus comme non conformes aux normes de genre.
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Sigolène Couchot-Schiex explique que les violences sexistes et homophobes sont renforcées par un contrôle social exercé non seulement par les pairs mais aussi par les adultes, souvent sous forme de moqueries visant à faire respecter les normes de genre, et souligne l’importance croissante de l’anonymat en ligne, avec une utilisation accrue des pseudonymes pour insulter, notamment sur les réseaux sociaux, une tendance plus marquée chez les collégiens.
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La professeure aborde la question de la pornographie et de son accès croissant via les réseaux sociaux, soulignant que, bien que les adultes ne puissent souvent pas détecter ces comportements, une entrée précoce dans la sexualité numérique et des expériences traumatisantes peuvent avoir des conséquences sur les jeunes, d’autant plus que la socialisation digitale, bien que similaire à la socialisation traditionnelle, est amplifiée par l’isolement des écrans, rendant les effets plus douloureux.
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La conférencière explore la double dimension de la socialisation digitale chez les jeunes, où le smartphone devient un outil d’autonomie et de recherche d’indépendance, mais aussi une source de dépendance, d’opacité et de risques invisibles pour les adultes, notamment avec la popularité croissante des réseaux sociaux et l’émergence de nouveaux métiers comme influenceur, qui nécessitent désormais un encadrement éducatif et social.
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L’intervenante met en lumière comment les réseaux sociaux et la quête de validation influencent la socialisation des jeunes, en particulier à travers la mise en scène de soi, la manipulation de l’image et l’impact différencié des normes de genre.
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Sigolène Couchot-Schiex décrit comment les normes de genre et le contrôle social influencent les comportements des jeunes sur les réseaux sociaux, avec des filles qui se mettent en scène à travers des selfies et des garçons qui privilégient les jeux vidéo en ligne, tout en soulignant la pression sociale, surtout chez les garçons, à conformer leur sexualité et leur identité de genre aux attentes du groupe.
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La spécialiste décrit comment la pression sociale sur les adolescents, amplifiée par les réseaux sociaux, crée des injonctions paradoxales, notamment pour les filles qui sont victimes de sexisme et de cyber-sexisme, où des photos ou des messages peuvent être utilisés pour les humilier, tandis que les garçons jouent parfois un rôle « protecteur » tout en participant à des normes sexistes.
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En conclusion, protéger les jeunes, il est essentiel d’accompagner leur utilisation des réseaux sociaux, de déconstruire les normes de genre imposées par la société, et de favoriser une éducation aux médias plus large, tout en créant un environnement ouvert où ils peuvent discuter sans culpabilité des problèmes qu’ils rencontrent.
Dans le cadre du cycle de conférences-débats Université Ouverte de CY Cergy Paris Université. Enregistrée le jeudi 17 octobre 2024.