Boniface Mongo-Mboussa présente, en reprenant le titre de son ouvrage paru en 2002 aux Editions Gallimard dans la collection Continents noirs, l’itinéraire d’une littérature puissante et variée. Il présente le panorama vaste des littératures africaines, à la fois jeune et vivante, qui mêle chercheurs et écrivains.
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1- Aux origines de la négritude, une rencontre
Le mouvement dit de la négritude est le fruit d’une rencontre entre le Martiniquais Aimé Césaire, le Guyanais Léon Gontran Damas et le Sénégalais Léopold Sédar Senghor. Cette rencontre a été fécondée par le mouvement Harlem Renaissance, né aux Etats-Unis au début du XXe siècle. Claude McKay, l’une des figures tutélaires de ce mouvement, est l’auteur de Banjo (1929), livre de chevet des trois écrivains. Ces derniers, de culture française, ressentent un profond malaise en arrivant en métropole en 1931, année de l’exposition coloniale.
2- Les textes fondateurs de la négritude
Ces trois poètes décident de porter haut leurs origines. Ils reprennent le mot « nègre » en en chassant toute tonalité péjorative. Dès 1937, Ce que l’Homme noir apporte, sorte de manifeste, formule un souhait : « assimiler mais non être assimilé ». Aimé Césaire créée la revue Tropiques en 1941. Il y publie des extraits du Retour au pays natal, qui sera d’abord publié à New-York grâce à André Breton. Autre ouvrage fondateur, paru en 1948, celui de Senghor : L’Anthologie de la poésie nègre et malgache préfacée par Sartre et son Orphée noir.
3- Critiques de la négritude
Des auteurs prendront assez rapidement leur distance à l’égard du mouvement initié par Césaire et ses amis. C’est ainsi que le congolais Tchicaya U Tam’Si, auteur du Mauvais Sang en 1955, reproche aux écrivains de la négritude de véhiculer une vision « négriste » de la poésie. A une poésie élégiaque célébrant une Afrique idéalisée, Tchicaya U Tam’Si oppose une poésie intimiste dans laquelle il découvre son mal-être. Boniface Mongo-Mboussa présente d’autres auteurs de cette période, comme Bernard Dadié, Ahmadou Kourouma, Mongo Beti ou Ferdinand Oyono.
4- Dépassement du mouvement de la négritude ?
Le malien Yambo Ouologem, dans le Devoir de violence (prix Renaudot en 1968) revisite l’histoire de l’Afrique et ne se limite pas à une lecture post-coloniale de ce continent. Il remet en cause la relation des Africains à leur histoire et s’en prend à la « négritude et aux négrologues ». Accusé de plagiat, il sera une victime expiatoire de cette critique radicale. Dans les années 80, après la critique des indépendances, les écrivains s’attaquent à la figure cardinale du « père de la nation ». La Vie et demie, notamment, roman de Sony Labou Tansi, instruit le procès des dictateurs africains.
5- Les enfants de la post-colonie
Les années 90 seront les années des enfants de la post-colonie : le thème de l’immigration sera très développé. On parle alors beaucoup des « négropolitains » comme les camerounais Simon Njami ou Blaise Njehoya. Cette génération est très influencée par des auteurs comme Chester Himes, écrivain noir américain. A l’heure atuelle, la tendance de la littérature africaine est celle des docu-romans, comme en témoigne l’ouvrage Allah n’est pas obligé de Ahmadou Kourouma et à un retour à l’histoire, comme le montre Oui mon commandant de Amadou Hampâté Bâ.