Communiquer, comme nous l’entendons aujourd’hui, entre individus libres et égaux, est un acquis récent et fragile. Dominique Wolton, fondateur de l’Institut des sciences de la communication du CNRS, fondateur et directeur de la revue internationale Hermès, explique comment liberté et progrès sont les deux clés de la révolution de la communication, mouvement à la fois politique et technique, et dont la conséquence est l’extraordinaire expansion d’un secteur économique générant autant de profits que de controverses.
- Ecoutez sur iTunes ou Soundcloud
- Téléchargez l’enregistrement audio
La question de la communication est une question « dangereuse », peut-être davantage que la question écologique. Elle n’est ni technique, ni économique mais politique : c’est celle des conditions d’une négociation continue avec l’autre.
La connexion technique des individus entre eux, de plus en plus rapide, ne tient pas lieu de communication, laquelle suppose du temps. Elle donne d’ailleurs naissance à des « solitudes interactives ». La communication ne saurait se limiter à la simple information ou à l’expression.
Communiquer vient du mot communier. Communiquer, c’est aussi transmettre. La transmission, autrefois verticale et hiérarchique, devient horizontale et interactive. Mais cette interactivité touche rarement à l’essentiel. Communiquer, c’est, enfin et surtout, négocier.
Le monde est de plus en plus ouvert. Paradoxalement, cette ouverture rend plus évidente la différence des autres et contribue à l’incommunication globale. Les capitaux et les marchandises circulent mieux, mais la communication ne s’améliore pas. L’Europe, dans ce cadre, malgré les crises qu’elle traverse, reste un modèle de communication à protéger.