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1. Introduction
Julien Longhi explique que, à la différence d’autres disciplines telles que le journalisme, par exemple, qui abordent le discours politique par leur contenu, les sciences du langage ont une approche des discours par les formes linguistiques utilisées, leur sens et leur fonctionnement. Elles proposent en ce sens une expertise de la « mise en mot », en étudiant comment des mots peuvent euphémiser ou amplifier la réalité sur lesquels ils prétendent porter. S’agissant de la « langue de bois », Julien Longhi explique que ce ne sont pas tant les mots qui cachent mais le fonctionnement même du langage qui est en jeu.
2 – Noam Chomsky et l’analyse de la propagande
Pour commencer, Julien Longhi prend l’exemple tiré de l’oeuvre Noam Chomsky, et de son étude de la propagande. Il a montré, en étudiant les discours de l’administration Bush, son décalage avec le témoignage des sens et des enquêtes et a pu critiquer des expressions comme « interventionnisme humanitaire », « droit d’ingérence »ou « dommages collatéraux », expressions forgées pour masquer ou détourner une réalité. Julien Longhi présente également la technique de l’analyse de données textuelles.
3- Le discours présidentiel sous la Ve République
Julien Longhi illustre la manière dont les sciences du langage décryptent les discours politiques en relatant une étude menée par Damon Mayaffre. Cette étude tend à montrer que la parole politique a moins pour vocation de véhiculer un message que de construire un espace identitaire. L’enjeu suprême du discours politique est d’affirmer l’identité d’un orateur pour favoriser l’identification d’un auditoire. On peut donc décrire l’identité politique d’un homme/femme politique par le lexique de son discours.
4 – Le je de Sarkozy
Julien Longhi poursuit son tour d’horizon en présentant l’étude de Jean Véronis sur l’impression d’égotisme du discours de N. Sarkozy en 2007. Sur l’ensemble de ses discours de campagne, Nicolas Sarkozy utilise le pronom je environ 17 fois pour 1000 mots, contre 18 fois pour 1000 mots pour Ségolène Royal et 17 fois mais sa monopolisation du je dans l’interlocution et la modalisation basée sur l’expression de la volonté : la formule je veux condense son attitude discursive. Julien Longhi revient aussi sur le débat Sarkozy/Royal et la conquête lexicale qui a eu lieu.
5 – Le débat sur l’identité nationale
Julien Longhi revient sur l’étude de P. Marchand et P. Ratinaud, qui ont procédé à l’importation manuelle des contributions consultables sur le site du Ministère de l’Immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire. Il présente également une analyse du discours de Marine Le Pen, qui révèle l’identité discursive du FN qui perdure malgré des styles différents, avec en particulier le recours au procédé « d’acceptation du préalable » avec un usage très habile de procédés grammaticaux (adjectifs, relatives, structures concessives).
6 – Le recours au storytelling
Julien Longhi explique que le storytelling est une hypothèse concernant notre manière narrative d’organiser nos expériences et de faire émerger ainsi des significations dans nos interactions. Cette technique renvoie à ce qu’à pu en dire notamment Evan Cornog, professeur de journalisme à l’université de Columbia, selon lequel « l’avenir de la nation et du monde dépend de la capacité des citoyens américains à choisir les bonnes histoires. » Pour illustrer son propos, Julien Longhi décrypte un passage du discours du Bourget de François Hollande, dans lequel il évoque ses origines familiales et son rapport à la gauche.