Paris, rue de la Ferronnerie, vendredi 14 mai, 16 heures. Un carrosse remonte la rue étroite et se trouve stoppé par deux charrettes. Soudain, un homme armé d’un couteau surgit derrière la voiture. Il grimpe, un pied sur une borne, l’autre sur les rayons de la roue, se penche à l’intérieur du carrosse et frappe l’un des occupants. L’homme au couteau s’appelle François Ravaillac. Il vient de tuer le roi de France Henri IV. C’est le dossier de l’assassinat d’Henri IV que nous feuilletons avec François Pernot, maître de conférences en histoire moderne.
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1- A la veille de l’assassinat du Roi, la France sur le pied de guerre
A la veille de l’assassinat du Roi, la France prépare une grande guerre, qui trouve ses racines dans une querelle de succession entre Rodolphe II et plusieurs princes allemands protestants, soutenus par Henri IV. A cette donnée géopolitique s’ajoute une affaire de cœur : pour la garder près de lui, le Roi fait épouser Charlotte de Montmorency, dont il est épris, par Henri de Condé. Or, ce dernier fuit avec elle à l’étranger, enfreignant le principe qui veut qu’un prince de sang royal ne quitte jamais le territoire national sans l’autorisation du Roi…
2- L’assassinat d’Henri IV : la scène du crime
François Pernot détaille les circonstances précises de l’assassinat de Henri IV, rue de la Ferronnerie, à Paris. Alors qu’il se rendait avec le duc d’Epernon et d’autres membres de sa Cour chez son ministre, le duc de Sully, escorté de valets de pied et de gentilshommes, il est poignardé par trois fois dans son carrosse par un homme qui les suivait depuis leur départ du Louvre : Ravaillac. Il meurt de ses blessures au Palais du Louvre quelques heures après. Ravaillac est capturé. Sully est averti de la mort du roi.
3- Le duc d’Epernon, homme clé
Le duc d’Epernon prend les affaires en main après la mort du roi. Il empêche que Ravaillac ne soit mis à mort, ordonne à l’un des gentilshommes présents de l’accompagner dans les rues pour calmer le peuple de Paris, rentre rapidement au palais du Louvre, fait fermer les portes. A cet instant, il tient le sort de la monarchie entre ses mains. Il convainc le Parlement de Paris de reconnaître Maire de Médicis régente du royaume de France. Sully est, d’après ce qu’il écrira dans ses Mémoires, dissuadé de se rendre au Louvre par plusieurs billets et reste caché.
4- François Ravaillac, un esprit tourmenté
François Ravaillac sera interrogé à l’Hotel de Retz, puis à la Conciergerie. Né à Angoulême d’une famille tombée dans la pauvreté, il devient greffier, puis perd son emploi et est quitté par son épouse. Il tombe rapidement dans la débauche. Ravaillac est un exalté, doté d’une foi violente : il entend des voix, a des visions. Il demande en vain d’être accepté chez les Jésuites. Il fera de la prison, dans l’incapacité de rembourses ses nombreuses dettes. François Pernot décrit son parcours troublant qui le mènera à l’assassinat du roi et au supplice.
5- Ravaillac, bras armé d »un complot ?
La thèse du complot, selon laquelle Ravaillac n’aurait été qu’un instrument entre les mains d’une puissance ou d’un groupe d’individus, a fait l’objet de très nombreuses suppositions et analyses. Selon François Pernot, cette thèse est crédible car de nombreux faits et coïncidences viennent l’étayer. Ainsi, peu de temps après la mort du Roi, le prévot de la ville de Pithiviers est retrouvé pendu dans sa cellule : il avait été arrêté après avoir annoncé l’assassinat du Roi alors qu’il se trouvait à des kilomètres de Paris… François Pernot fait le tour des suspects possibles dans le cadre de la thèse du complot.
6- De nouvelles pistes
Au-delà de toutes les analyses qui ont alimenté la théorie du complot, il faut, selon François Pernot, de revenir à l’auteur indubitable de l’assassinat lui-même : Ravaillac. Rien ne prouve formellement que ce dernier n’a pas agi de son plein gré. Les nombreux suspects souvent évoqués par les historiens, comme Marie de Médicis elle-même, sont peu crédibles. Il reste cependant des vraies questions qui restent sans réponse, comme l’origine des messages adressés à Sully. François Pernot présente une hypothèse inédite : et si Ravaillac avait agit seul mais qu’il avait pris de court, sans le savoir, un complot organisé par le Duc d’Epernon ?