Les cétacés sont des mammifères marins qui utilisent les sons dans leurs activités vitales et leurs interactions sociales. Les dauphins produisent des clics et des sifflements tandis que les baleines émettent des vocalisations harmoniques. À partir de l’écoute d’enregistrements originaux, Olivier Adam, professeur en bioacoustique à l’Institut Jean Le Rond d’Alembert (Sorbonne Université/CNRS1), détaillera leur générateur vocal et les caractéristiques de ces sons. À quoi ils servent ? Sont-ils structurés ? Si on parle de chants, peut-on parler de langage ? Est-ce que les activités humaines ont un impact et si oui, comment se manifeste-t-il ?
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Olivier Adam se présente ; physicien orienté vers les sciences de l’ingénieur et l’informatique. Son arrivée à l’université a coïncidé avec une forte désaffection des étudiants pour les sciences, ce qui a motivé des initiatives comme la Fête de la science. Son parcours atypique vers l’étude des cétacés, il l’a découvert par hasard après une rencontre avec un biologiste, bien qu’il ait d’abord envisagé de travailler dans l’acoustique humaine.
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Il est difficile d’analyser les communications des cétacés, car ils émettent simultanément plusieurs fils, créant une cacophonie. Olivier Adam évoque des études sur les orques, notamment au large de Vancouver et de Saint-Pierre-et-Miquelon, qui montrent que chaque groupe familial possède des sons spécifiques formant des « clans acoustiques », une découverte marquante sur leurs structures sociales et interactions.
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Les cétacés, comme les dauphins, orques et cachalots, ont une longévité importante, ce qui permet le développement de cultures spécifiques, notamment à travers des techniques de chasse et des fils propres à chaque population. Olivier Adam évoque aussi des découvertes surprenantes sur les migrations des baleines à bosse grâce à des balises Argos, révélant des trajets inattendus, comme une migration directe de la Guadeloupe vers l’Islande, ce qui remet en question les idées préconçues sur leurs routes migratoires.
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Notre spécialiste explique que les chants des baleines, qui cohérents en des phrases répétées sur une durée d’environ quinze minutes, ont été initialement qualifiés de « chants » en raison de leur structure répétitive, contrairement aux vocalisations des orques qui sont plus aléatoires. Un chercheur, Peter Tyack, a ensuite testé l’hypothèse selon laquelle ces chants pourraient attirer les femelles, en jouant des enregistrements de chants à des baleines femelles, ce qui a induit des comportements variés, remettant en question les idées préconçues sur la fonction de ces vocalisations.
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L’intervenant explore l’idée fascinante selon laquelle certains mâles baleines pourraient agir comme des « influenceurs » en guidant les autres dans leurs routes migratoires grâce à leurs chants, soulevant ainsi des questions sur la dynamique sociale au sein des groupes de baleines. Il discute également du mécanisme de production des sons chez les baleines, soulignant la complexité de leur système vocal, qui inclut un réservoir d’air et des conduits respiratoires spécifiques.
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Le physicien discute de l’importance d’une approche douce pour déposer des instruments d’enregistrement sur les baleines, soulignant que cette méthode pourrait réduire l’anxiété des animaux. Il évoque plusieurs hypothèses sur les raisons pour lesquelles les baleines pourraient émettre des sons différents. Il suggère ainsi que, tout comme un chanteur humain peut avoir des problèmes avec ses cordes vocales, les baleines pourraient avoir des difficultés similaires qui concernent leur vocalisation.
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L’intervenant discute des comportements fascinants des baleines, en mettant l’accent sur leur capacité à maintenir une position statique à différentes profondeurs, ainsi que sur leur méthode de propulsion lors de la remontée à la surface. Il observe que certaines baleines peuvent rester immobiles à des profondeurs de 10, 20 ou 30 mètres, sans mouvement apparent. Cela soulève des questions sur leur flottabilité et leur physiologie.
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La conférence se conclut en abordant des solutions pour réduire l’impact des activités humaines sur les cétacés, notamment en ce qui concerne le bruit et le trafic maritime. Il souligne que la marine marchande n’a pas suffisamment pris en compte le bruit produit par les bateaux, bien que des solutions pour rendre les navires plus silencieux existent depuis la Seconde Guerre Mondiale. Il exprime son incompréhension quant à l’absence d’initiative pour réduire le bruit dans les océans.
Dans le cadre du cycle de conférences-débats Université Ouverte de CY Cergy Paris Université. Enregistrée le jeudi 03 octobre 2024.