Au-delà de nouvelles pratiques artistiques, quels aspects sociologiques intègre le hip-hop ? Quelles cultures développe-t-il ? Le succès du hip-hop entraîne sa pratique sur scène. Comment la « street dance » devient-elle une écriture artistique reconnue sur la scène ? Danseurs de la scène et de la rue sont-ils les mêmes ? Dans leur unité et leur diversité, quel(s) message(s) les acteurs du hip-hop nous transmettent-ils ?
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1- Aux origines du hip-hop
Cécile Lemercier et Bernard Pambe Wayack reviennent sur les origines du hip-hop, mouvement apparu dans les années 70 aux Etats-Unis, dans les ghettos new-yorkais. Le hip-hop est très tôt un mouvement artistique complet (danse, graph, musique, etc.), mais dont le meilleur ambassadeur fut le rap, qui trouve ses origines dans le « spoken word », avec, en chef de file, Clive Campbell, alias DJ Kool Herc, instigateur des premières block parties.
Le hip-hop devient un art de rue qui souhaite se substituer à la violence fratricides des gangs.
2-Figures emblématiques du hip-hop
DJ Kool Herc, Grandmaster Flash et Afrika Bambaataa sont considérés comme les pionniers du hip-hop. Afrika Bambaataa, de son vrai nom Kevin Donovan, a été l’un des premiers a promouvoir la vocation non-violente du hip-hop.
Après que son meilleur eut trouvé la mort dans une rixe, il fonde la Zulu Nation, qui promeut des idées de paix et de fraternité. Céline Lemercier évoque la rencontre avec James Brown et la technique de la human beat box, qui permet de recréer des rythmes de basse sans instrument.
3- Un art ouvert : de New-York au Vieux Continent
Le hip-hop est un mouvement très ouvert sur les autres, qui s’approprie et réinvente des techniques et styles de danse qu’il puise au gré de ses rencontres. C’est ainsi que le locking, créé par Don Campbell, est inspiré du célèbre Mime Marceau, qu’il a rencontré en France.
Le poppin, de même, a été créé par Poppin Taco, qui fut l’un des professeurs de danse de Mickaël Jackson. L’arrivée en France du hip-hop intervient dans les années 80, avec l’apparition des radios libres et la tournée en France de New York City Rap.
4- De la rue à la scène
En France comme à New-York, la danse hip-hop investit des lieux de référence tel que le Trocadéro ou les Halles.
Comme les danseurs de danse contemporaine, les danseurs de hip-hop forment spontanément des compagnies et souhaitent montrer leur danse à un large public. Des institutions avant-gardistes, comme la Maison de la danse de Lyon, vont à la rencontre de ces premiers groupes et leur proposent de monter des spectacles. Des stages rassemblant danseurs hip-hop et danseurs de danse contemporaine sont même organisés.
5-Rue et scène, deux lieux de danse complémentaires
Dans le prolongement de cette rencontre entre milieu institutionnel et danseurs, d’importants événements sont créés, comme Suresnes Cité Danse ou encore les Rencontres de la Villette.
Dans celles-ci, parallèlement aux spectacles des compagnies présentés, des danseurs de hip-hop organisent spontanément des battles dans la rue, en marge de l’événement mais corrélées à lui. Pour Céline Lemercier, c’est la preuve que les deux formes d’expression de danse hip-hop, sur scène et dans la rue, perdurent toutes deux.
6 -De nouveaux chemins pour le hip-hop : l’exemple de Delphine Caron
Aujourd’hui, les chemins du hip-hop continuent de s’ouvrir. La technique ne donne plus lieu à une recherche de la performance mais est mise au service d’une écriture chorégraphique. Le poppin a notamment alimenté des pièces chorégraphiques d’exception.
Illustrant cette maturité du hip-hop, Céline Lemercier et Bernard Pambe Wayack présentent le travail de Delphine Caron, danseuse professionnelle venue de la danse contemporaine, qui s’est appropriée le poppin pour concevoir des chorégraphies abstraites et épurées.