Le Commun est désormais le terme central de l’alternative au néolibéralisme. Les revendications autour du commun sont apparues dans le mouvement altermondialiste et écologique à la fin des années 90. Elles ont pris pour référence l’ancien terme de « commons », en cherchant à s’opposer à ce qui était perçu comme une « nouvelle vague d’enclosures ». Commun est aussi le terme de référence d’une intense réflexion théorique et de nombreux travaux empiriques, à l’initiative d’Elinor Ostrom. Commun est en ce sens le nom d’une résistance à l’appropriation capitaliste et étatique et d’une recherche pratique de nouvelles formes d’autogouvernement. C’est cette donne nouvelle, ce moment singulier, que Christian Laval, professeur de sociologie à l’université Paris Ouest Nanterre la Défense, nous propose d’analyser.
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Christian Laval constate que parler des Communs est aujourd’hui devenu un « lieu commun » : partis et groupes politiques, en France et ailleurs, reprennent ce terme. Sa signification, celle d’une raison alternative à celle du capitalisme néolibéral, est portant spécifique. Christian Laval revient sur le Forum Social Mondial de Bellem de 2009 et sa « réclamation des Communs » et, la même année, le Prix Nobel d’économie remis à Elinor Ostrom pour ses travaux novateurs cette question.
Plusieurs foyers de la contestation sont à l’origine du mouvement des Communs, outre les travaux d’Elinor Ostrom sur des méthodes collectives de gestion de ressources collectives : les mouvements altermondialistes et indigènes en lutte contre les multinationales, la lutte des hackers contre les logiciels propriétaires, le « mouvement des places » depuis 2010 ou le travail des juristes italiens pour inventer un droits des Communs.
Une autre économie est possible à côté du marché et des services publics d’État, basée sur des formes coopératives, qui trouvent aujourd’hui une nouvelle jeunesse. Les Communs redonnent une cohérence à la diversité des initiatives qui se réfèrent à une économie sociale et solidaire. Au-delà, les Communs peuvent constituer un principe politique capable de proposer une autre organisation de la société.
Christian Laval pointe la confusion qui perdure sur la notion de « Communs », terme qui charrie des traditions anciennes. Si le droit romain a inventé la chose commune (la mer, l’air, etc), à côté de la chose privée et de la chose publique, l’acception naturaliste des Communs est aujourd’hui abandonnée progressivement : ce qui est Commun, c’est ce que nous décidons de mettre en commun. Le Commun est affaire d’institution.