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Le Sacre du printemps : 100 ans d’histoire
1. Le Sacre du Printemps : une oeuvre à trois
Le Sacre du Printemps est un ballet en deux tableaux composé par Igor Stravinsky et chorégraphié originellement par Vaslav Nijinski pour les Ballets russes de Serge de Diaghilev. Nicolas Roerich, peintre russe, est l’auteur du livret, des décors et des costumes. Cette œuvre a été conçue comme une sorte de cérémonie sacrée de l’ancienne Russie païenne. Elle présente une communauté qui sacrifie l’un des siens, une jeune femme, pour glorifier la divinité du Printemps. Le Sacre est considéré comme une oeuvre majeure de la modernité aussi bien en danse qu’en musique.
2. Le Sacre de 1913 : contexte de création
Sophie Jacquotot explique que les ballets russes de Serge de Diaghilev, lui-même pétri d’avant-garde, s’installent à Paris à partir de 1909. Ils créeront une soixantaine d’oeuvres en 20 ans d’existence. Véritable creuset de la rencontre entre différentes formes d’art, les ballets rencontrent un grand succès, sur fond de primitivisme et de goût pour l’exotisme. Vaslav Nijinski en est l’étoile montante et devient chorégraphe en 1912 avec Feux et l’Après-midi d’un faune qui, un an avant le Sacre, fait scandale. Il faut cepedant, selon Sophie Jacquotot, relativiser l’importance du scandale suscité par le Sacre.
3. Modernité de l’œuvre
L’originalité de l’œuvre, aussi bien sur le plan musical – la musique de Stravinsky semble dissonante et violente à bon nombre de spectateurs de l’époque – que chorégraphique – Vaslav Nijinski prend le contre-pied des codes classiques de la danse – rend difficile sa réception et sa compréhension par le public de 1913. En 1914, le Sacre du printemps sera redonné en version concert, sans la danse, et fera alors l’unanimité. Mais la version dansée ne sera donnée au total que huit fois. Seule quelques personnes, comme Jacques Rivière, directeur de la NRF, savent alors saisir le génie de l’oeuvre.
4. Les enjeux de la recréation du Sacre
Sophie Jacquotot souligne que proposer une recréation du Sacre du printemps ne va pas de soi : un travail similaire a déjà été effectué dans les années 80 par Millicent Hodson et Kenneth Archer. Que dire de plus ? En réalité, l’idée que l’on puisse revoir telle quelle une œuvre chorégraphique du passé est un fantasme. Il faut faire le deuil de cette idée : les archives en effet ne donnent pas d’informations précises sur la danse du Sacre. Sophie Jacquotot explique quelles ont été les sources utilisées pour servir de base au travail de recréation du Sacre de Dominique Brun.
5. Richesse et variété des interprétations
Le Sacre du printemps est une oeuvre de référence pour les chorégraphes ; elle a, à ce titre, été beaucoup revisitée. Des chorégraphes aussi prestigieux que Mary Wigman (1957) ou Maurice Béjart (1959) en ont donné leur interprétation. Maurice Béjart ne fait plus référence à la Russie païenne : son Sacre célèbre l’union de l’homme et de la femme. Pina Bausch, dans une version de 1975, reprend aussi le thème des rapports entre hommes et femmes en le traitant différemment. Toutes ces interprétations et d’autres témoignent de la richesse et de la modernité de l’œuvre.