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Le vin à travers la langue française et l’histoire
1- Aux origines du mot « vin »
Issu du mot vinum, qui signifie en latin à la fois la grappe, le raisin et le vin lui-même, la première définition du mot vin en français apparaît au XVIe siècle, au moment où la langue française se développe et prend le pas sur le latin. En 1571, Maurice de la Porte, dans Les épithètes, en donne, pour la première fois, une définition : « la plus souveraine liqueur de toute, principal maintien de la vie humaine ». Au XVIIe siècle, le pouvoir royal se renforce et les fondations de l’Etat sont mises en place. Cet Etat a besoin d’une langue nationale, d’où le besoin de dictionnaires pour en fixer les usages. L’Académie française est créée en 1635 et, en 1680, est publié le premier dictionnaire privé, celui de Richelet, pour qui le vin est une « liqueur qui sort des raisins ».
2- Le vin au siècle des Lumières
Après un XVIIe siècle très centralisateur, le XVIIIe siècle est marqué par une volonté de liberté, une aspiration à la découverte et un goût pour les sciences et les techniques. Ce qui fascine alors surtout les savants et philosophes, c’est la fermentation. Le vin est un produit aux propriétés chimiques extraordinaires dont le processus de création attire leur intérêt. L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert consacre des pages entières au vin, en lequel les auteurs de cet ouvrage voient le résultat de « la plus belle des fermentations ». Parallèlement, les formules et expressions autour du vin, nourries des usages populaires et reflétant les conceptions de l’époque, enrichissent l’univers sémantique du vin.
3- Le vin au XIXe siècle
La Révolution emporte avec elle une aspiration au renouvellement de la langue par l’utilisation de mots nouveaux. Les premiers romantiques enrichissent le français de mots tirés de leurs voyages, les seconds réduisent le fossé qui sépare la langue du peuple de celle des riches. Les dictionnaires deviennent des « accumulateurs de mots », et Littré et Larousse inventent la lexicographie. Le champ lexical du vin profite de ces évolutions et se nourrit du vocabulaire tiré de la pratique du vin : on parle par exemple de vin de copeaux, de vin en cercle ou encore des premières coopératives, comme celle du Wurtenberg. Plus que jamais, les mots du vin reflètent la vision que l’on a de la santé ou de la vie en société.
4- Les mots du vin
Pour conclure son exposé, Jean Pruvost donne une suite d’expressions, d’adjectifs et de proverbes qui gravitent autour du vin, en expliquant la signification de chacune de ces formulations poétiques ou cocasses, toujours évocatrices : le vin de l’étrier, le vin de veille, le vin de couchier, le vin du marché, le vin d’honneur, le vin qui rappelle son homme, le vin d’une oreille, le vin qui n’a que l’épée et la cape, le vin bon à laver les pieds des chevaux, etc. Les synonymes ne sont pas en reste : l’antidérapant, la purée de septembre, le jus de sarment, le sirop de bois tortu, ou encore le chasse-cousin, ce vin que l’on réserve aux visiteurs importuns !