L’Afrique reste, dans les imaginaires occidentaux, une terre de misère et de catastrophes. Ses habitants seraient, selon cette lecture misérabiliste ou afro-pessimiste, soumis aux aléas du temps, sans capacité réelle d’agir sur leur devenir… Thomas Fouquet, anthropologue à l’EHESS présente des postulats fondamentaux, permettant de produire une lecture du monde depuis l’Afrique. Quels nouveaux rapports à l’africanité se dessinent ? Quelles nouvelles manières de s’affirmer comme quelqu’un “bien de son temps” (moderne) et “bien de ce monde“ (cosmopolite) ? La charge politique de ces nouvelles dynamiques juvéniles sera au coeur de notre réflexion, permettant notamment de mêler dans une même analyse des dynamiques sociales locales et des logiques culturelles globales.
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1- Importance et difficulté de penser l’Afrique autrement
Thomas Fouquet situe sa démarche d’anthropologue vis-à-vis des acteurs de la solidarité internationale. Là où ces derniers oeuvrent à la transformation où à l’accompagnement d’une évolution sociale, les sciences sociales, selon lui, se consacrent surtout à la compréhension profonde de ces situations. Sans avoir la prétention d’apporter des réponses à tous les problèmes, il rappelle que l’anthropologie permet de « déconstruire les évidences » et souligne la difficulté que nous rencontrons pour nous « décentrer » par rapport aux « grands récits » sur l’Afrique.
2- L’Afrique au secours du monde ?
L’intervenant critique une nouvelle conception, récente, selon laquelle l’Afrique, épargnée par les excès occidentaux, pourrait venir au secours du monde. Thomas Fouquet critique ce point de vue. non pas que l’Afrique n’ait pas des vertus à faire valoir à l’égard des autres continents mais, selon lui, après avoir fait porter des couronnes d’épines si longtemps à ce continent, il ne faut pas tomber dans l’excès inverse, qui consisterait à lui « tisser des tresses de lauriers ». L’Afrique ne doit pas être regardée au travers du prisme du particularisme mais doit être enfin considérée « avec les yeux de la normalité ».
3- La colonisation des esprits
Autre conséquence majeure de la colonisation : la « colonisation des esprits ». Bien que maladroite, cette expression rend compte d’une réalité que l’oeuvre de Franz Fanon permet de décrypter. Thomas Fouquet reprend la définition de cet auteur tout en portant sur elle un regard critique.
4- La sexualité en Afrique
Pour Thomas Fouquet, « on croit trop facilement à une particularité africaine en matière de sexualité ». Cette supposée sexualité africaine n’est d’ailleurs envisagée que sous l’angle de sa « dangerosité ». L’Afrique est encore, pour beaucoup, « le continent du SIDA » et de la « menace sanitaire ». Thomas Fouquet propose une analyse de ce phénomène.