L’alimentation est reconnue comme un facteur majeur impliqué dans le développement des maladies chroniques (obésité, diabète, maladies cardiovasculaires, cancer, …). La science nous donne des clés pour composer au mieux notre assiette et ainsi préserver notre santé. Mélanie Deschasaux Tanguy, chargée de recherche en épidémiologie nutritionnelle à l’INSERM3 fera un tour d’horizon des connaissances actuelles sur les liens entre nutrition et santé mais aussi des recherches en cours sur le sujet, dont certaines sont au coeur de l’actualité comme le Nutri-Score, les aliments ultra-transformés ou le microbiote intestinal.
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Mélanie Deschasaux-Tanguy nous présente son travail en tant que chercheuse à l’Inserm, l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale. Son équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle EREN est basée sur le campus de l’université Sorbonne Paris-Nord à Bobigny.
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Parmi les dernières recommandations en date, il y a trois volets. Le premier vise a augmenter un certains nombre d’aliments (« aller vers »), c’est à dire favoriser ce type d’aliments et réduire/limiter la consommation de certains autres types d’aliments.
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On peut s’apercevoir que l’assiette santé planétaire est très concordante avec les recommandations globales françaises qui ont vocation à limiter le risque de toutes les pathologies. Pour le cancer par exemple, les recommandations vont être de maintenir un poids de santé, être actif physiquement, avoir une alimentation riche en céréales complètes, en légumes secs, en fruits et légumes, limiter la consommation d’aliments fast food transformés riche en graisses, etc, en sucre, limiter la consommation de viande rouge et charcuterie, limiter la consommation de boissons sucrées, la consommation d’alcool…
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Pour étudier les mécanismes entre la nutrition et la santé, notre équipe utilise une web cohorte lancée en 2009 en France, c’est-à-dire un groupe d’individus, le plus large possible, que l’on va suivre dans le temps et qu’on va caractériser très finement sur leurs expositions. Le recrutement est ouvert à partir de 18 ans et plus récemment à partir de quinze ans. Aujourd’hui, cette cohorte compte un peu plus de 174 000 participants.
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Le Nutri Score est un outil qui est le fruit de décennies de recherche sur les liens entre la nutrition et la santé et qui a vocation à résumer nos connaissances pour aider à faire des meilleurs choix nutritionnels. C’est un logo basé sur un profil nutritionnel développé au Royaume-Uni pour réguler la publicité notamment à destination des enfants. Il a été adapté en 2015 pour améliorer la cohérence avec les recommandations nutritionnelles en France. Enfin il a été mis à jour en 2023 par le Comité International en charge de son suivi.
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Le professeur Carlos Monteiro au Brésil a proposé une classification appellée Nova, qui classe les aliments en quatre catégories : les aliments non ou peu transformés (aliments de base) ; les ingrédients culinaires (sucre, sel, huiles, et cetera) ; les aliments transformés (combinaison des deux premières catégories) ; les aliments ultra transformés (fabriqués à partir de procédés industriels très intenses comme l’hydrogénation, l’extrusion, et cetera, qui vont contenir des substances qu’on ne trouverait pas dans nos cuisines.).
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Des études d’intervention ont été faites aux États-Unis. On a donné à consommer des aliments ultra transformés contre des aliments non transformés. Les résultats de cet essai ont montré une diminution de poids chez le groupe qui a consommé des aliments peu transformés (cf couleur rouge), et à l’inverse plutôt une augmentation de poids dans le groupe qui a consommé des aliments ultra transformés.
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On a une expertise récente de l’Inserm qui a montré un lien entre l’exposition aux pesticides et les pathologies chez les agriculteurs. On a une soixantaine de pesticides classés comme cancérigènes pour l’homme par le Centre National de Recherche sur le Cancer, avec de nombreux pesticides pour lesquels on n’a pas suffisamment de données. Ce que l’on connaît peu, c’est l’exposition aux pesticides par voie alimentaire. 44 % des aliments issus de l’agriculture conventionnelle contiennent au moins un résidu de pesticides quantifiables, contre seulement 6,5 % des aliments issus de l’agriculture biologique.
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Mélanie Deschasaux-Tanguy termine par nous développer le microbiote, c’est-à-dire des milliards de micro-organismes qui ont un rôle clé dans l’immunité, et qui vont produire de l’énergie, des vitamines, des métabolites à partir d’éléments. Le microbiote est un sujet au cœur de l’actualité de la recherche. Il est propre à chaque individu, mais on peut remarquer des facteurs communs qui vont l’influencer, notamment l’environnement de vie (ville, campagne…).
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Pour conclure, Mélanie Deschasaux-Tanguy nous encourage à visiter le site de « Manger bouger » qui propose tout un tas d’outils pratiques pour bien manger. Elle nous invite également à aller librement, gratuitement, sans besoin de s’inscrire sur le site du Collège de France pour retrouver toutes les études développées lors de cette conférence. Et enfin, elle nous encourage à participer à Nutri Net.
Dans le cadre du cycle de conférences-débats Université Ouverte de CY Cergy Paris Université. Enregistrée le jeudi 23 novembre 2023.