Voici la présentation de Jean Jouzel disponible en téléchargement.
Introduction (0:45)
Jean Jouzel rappelle que 11 000 décès supplémentaires sont liés aux vagues de chaleur et que les 7 dernières années étaient les plus chaudes depuis 150 ans. Il lance la question : où en sommes nous du changement climatique ?
L’effet de serre (2:25)
Jean Jouzel rappelle que nos activités modifient la composition de l’atmosphère. Il décrit le mécanisme de l’effet de serre et l’origine des gaz à effet de serre. L’effet de serre n’est pas un problème car sans lui, nous ne serions pas là. Mais c’est son augmentation qui pose soucis. La modification de la composition de l’atmosphère a provoqué une augmentation de la quantité d’énergie disponible de 1%. Ce 1% d’énergie supplémentaire fait monter de 1 degré la température moyenne de la planète.
Elévation du niveau des mers (8:14)
L’essentiel de cette chaleur va dans l’océan (93%). Conséquence : le niveau de la mer s’élève de 3 ou 4mm par année. L’océan se réchauffant, il se dilate. C’est l’expansion thermique. La fonte des grands glaciers et des calottes glacières contribuent également à l’élévation du niveau de la mer.
Le 6ème rapport du GIEC (10:30)
Le 6ème rapport du GIEC fait état que le réchauffement est d’un peu plus d’1 degré. On l’explique complètement par nos activités, c’est une certitude. Seul 1/10 de l’élévation des degrés peut être lié à des raisons naturelles, comme l’activité solaire. Autres conséquences de nos activités : l’intensification des événements extrêmes, notamment les vagues de chaleur qui deviennent plus intenses et fréquentes. Les rapports du GIEC avaient anticipé l’évolution du climat il y a une trentaine d’années déjà. Ce constat invite à accorder de la crédibilité pour 2050 et au-delà.
Scénario pour l’avenir (15:00)
Alors où va-t-on ? Pour le savoir, il faut faire des hypothèses. Le 6ème rapport du GIEC propose deux scénarios : un sobre et un émetteur. Le scénario émetteur projette une hausse des températures de 4 ou 5 degrés. Le niveau de risque est élevé. 1er risque : les océans sont deux fois plus acides qu’aujourd’hui. Conséquence : les animaux marins à coquille, les récifs coralliens sont touchés.
Impact sur la biodiversité (18:45)
La biodiversité serait grandement impactée. Avec une augmentation de 5 degrés, presque la moitié des espèces aurait une capacité de déplacement inférieure à la vitesse de déplacement des zones climatiques. Il leur serait très difficile de s’adapter. Autres risques : mouvements de population, ressources en eau, insécurité alimentaire, risque de conflits. Et l’accroissement des inégalités, les plus modestes étant moins à même de faire face aux conséquences du réchauffement climatique.
Augmentation des inégalités (21:33)
Il y a aussi des inégalités dans les mesures proposées pour lutter contre le réchauffement climatique, comme par exemple la taxe carbone qui n’a jamais été mise en place car elle suscitait un sentiment d’injustice. Les bas revenus auraient été 3 fois plus affectés que les hauts revenus. On ne peut donc pas dissocier le réchauffement climatique de l’ensemble de l’évolution de nos sociétés
Augmentation des phénomènes extrêmes (23:08)
Nous sommes certains que le réchauffement climatique est une menace pour l’humanité et la nature qui nous entoure, et il nous reste peu de temps pour agir. Jean Jouzel donne des exemples concrets : les vagues de chaleur, les pluies torrentielles sont plus fréquentes et intenses. Focus sur la répartition des précipitations. En Europe, le réchauffement climatique entraîne des risques d’inondation supplémentaires en hiver, et des risques de sécheresse et de feux de forêt en été. Des régions qui n’étaient pas soumises à un risque fort de feu de forêt le deviennent.
Impact sur la santé (27:34)
Jean Jouzel étudie les conséquences sur la santé d’une hausse de 3 degrés de la température. Actuellement, un européen sur 20 en moyenne fait face à un événement extrême, contre 2 sur trois 3 dans la deuxième partie de ce siècle. Le nombre de décès pourrait se multiplier par 20, 30 ou 40.
Focus sur la France (28:50)
La France n’échappe pas au réchauffement climatique. Vers quoi allons-nous ? Jusqu’à 6º de plus l’été en France, une modification des précipitations, des événements violents, des sécheresses météorologiques. Et même si les précipitations ne changent pas en moyenne annuelle, le débit des fleuves et rivières diminuera de 20, 30 ou 40% car l’évaporation joue un rôle énorme. La recharge des nappes phréatiques sera impactée. Il y aura donc des conséquences sur l’agriculture. Elle doit s’adapter et peut même jouer un rôle actif dans la lutte contre le réchauffement climatique. On constate que depuis une vingtaine d’années, les rendements de blé stagnent, et la raison en est le climat. L’élévation du niveau de la mer pourrait atteindre 1m à la fin du siècle, 2 à 3m à la fin du siècle prochain. Mais c’est aujourd’hui que l’on décide de l’élévation du niveau de la mer pour les siècles à venir. Les zones submersibles deviennent plus importantes.
Les actions depuis 1990 (37:00)
Le 1er rapport du GIEC date de 1990, la 1ère convention climat date de 1992. Son ambition : stabiliser le climat et donc diminuer les émissions. 3 accords en sont issus : le protocole de Kyoto. C’est un échec, les USA ne s’engageant pas dans le protocole, et la Chine ayant triplé ses émissions ces dernières années. 2ème échec en 2009 à Copenhague : la crise économique annihile les bonnes volontés. Seule l’Europe s’engage avec des objectifs chiffrés. Arrive alors l’accord de Paris en 2015. Le constat est clair : fixer des objectifs ne fonctionne pas, les pays doivent donc déclarer ce qu’ils accepteraient de faire pour lutter contre le changement climatique. C’est un accord universel.
Les conditions de vie avec un réchauffement à 1,5 degrés (42:13)
La convention climat demande au GIEC de faire un rapport sur les conditions de vie si on limitait le réchauffement climatique à 1,5 degré au lieu de 2. Résultat : ce serait beaucoup plus facile de s’adapter. Un demi degré a des conséquences importantes. Le pacte de Glasgow dit qu’il faut prendre des mesures pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Il faut donc arriver à la neutralité carbone en 2050.
Un objectif ambitieux (44,39)
Atteindre cet objectif n’est pas simple. C’est un changement fondamental de notre mode de vie. Malheureusement, les engagements de l’accord de Paris nous emmènent vers un réchauffement de 3 degrés. On a déjà deux fois trop d’émissions en 2030 pour avoir des chances de rester sur un réchauffement de 1,5 degrés. C’est donc maintenant qu’il faut agir pour l’après 2050. Où en sommes nous actuellement ? Jean Jouzel revient sur les engagements des pays qui n’ont pas été respectés. Il y a donc une grande défiance des pays en voie de développement vis-à-vis des pays du nord.
Quelles actions en France ? (48:00)
Jean Jouzel revient sur la contribution par secteurs aux émissions de Gaz à effet de serre en France. 120 pays ont affiché comme objectif la neutralité carbone en 2050. Ce n’est pas si mal. Mais il y a un fossé entre ce qu’affichent les pays et la réalité. Il faudrait aller deux fois plus vite. Il existe en France une stratégie nationale bas-carbone. On commence à parler de la sobriété, non pas à cause du réchauffement climatique mais à cause des problèmes d’approvisionnement en énergie. Il existe une feuille de route pour atteindre la neutralité carbone selon les secteurs (énergie, bâtiment, déchets, transports etc…). Jean Jouzel a participé à la convention citoyenne pour le climat et regrette que seulement 20% des propositions qui ont été prises en compte dans la loi.
Conclusion (52:30)
Cette transition, c’est une opportunité. Il faut se placer dans la perspective qu’elle se fera. C’est un encouragement à l’action. L’action, c’est beaucoup d’inventivité, d’innovations mais aussi de la solidarité. Donc ce sera un monde plus apaisé, avec une meilleure qualité de vie. Personne ne peut dire : le réchauffement climatique, ce n’est pas mon affaire.
Dans le cadre du cycle de conférences-débats Université Ouverte de CY Cergy Paris Université. Enregistrée le jeudi 8 octobre 2022.