Est-il possible de mentir avec le visage ? Si cela est le cas, de quelle manière distinguer la sincérité de l’imposture ? Le mensonge est un objet d’étude de la philosophie, des auteurs classiques à la philosophie moderne du langage. L’intelligence artificielle est utilisée aujourd’hui à la fois pour construire des visages mensongers (deepfake) et pour les démasquer, dans une spirale technologique de plus en plus sophistiquée. Massimo Leone, professeur de philosophie de la communication et de sémiotique culturelle et visuelle à l’Université de Turin (Italie) analyse l’utilisation des visages humains dans nos sociétés et ses dérives numériques et technologiques : entre progrès et mensonge.
Sémiotique du visage ? [00:15]
La sémiotique s’occupe de signification, de communication, de sens, de ce qui est utilisé pour signifier, communiquer et permettre d’échanger du sens. Umberto Eco définit la sémiotique ainsi : « la discipline qui étudie tout ce qui peut être utilisé pour mentir ». Lorsqu’il y a possibilité du mensonge, il y a possibilité du sens. Pour mentir, nous devons pouvoir choisir entre plusieurs versions de la réalité. Le visage est-il un objet de la sémiotique ? Sans aucun doute, répond Massimo Leone. Massimo Leone rappelle que des méthodes ont été développées tout au long de l’histoire pour lire les visages.
Les signes du visage [18:30]
L’évolution des méthodes pour la détection des mensonges progresse en parallèle avec la notion d’inviolabilité du corps de l’individu soupçonné du crime. On a essayé d’étudier les signes involontaires du corps. Massimo Leone détaille quelques principes et idées de la méthode développée au XXe siècle par Paul Ekman.
Culture du faux [34:58]
Massimo Leone détaille la mission de son équipe dans le cadre du projet FACETS (2019-2024) : les changements technologiques et les nouveaux outils de communication numérique changent-ils les visages et leur perception ? La possibilité de représenter le visage par le numérique change-t-il le sens du visage ? « La culture humaine du faux franchit un seuil décisif », selon Massimo Leone.
Algorithmes et deepfake [46:43]
Massimo Leone explique comment l’élaboration de nouveaux algorithmes permet une construction de plus en plus performante de faux visages. Il présente la technique récente du « deepfake », qui permet de manipuler le visage, et en explique les importantes implications éthiques et philosophiques.
- Ecoutez sur iTunes
- Ecoutez sur Soundcloud