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Albert Camus contre la peine de mort : histoire d’un combat
1. L’épreuve du « dégoût »
Ève Morisi rappelle que le combat d’Albert Camus continue de nous interpeller, puisque de nombreux états pratiquent encore aujourd’hui la peine de mort. La lutte de Camus contre celle-ci, conceptualisée plus tard dans « Réflexions sur la guillotine » prend originellement racine dans un dégoût viscéral que lui inspire la peine de mort, dégoût évoqué notamment dans Le Premier Homme, ouvrage dans lequel Camus raconte combien son propre père avait été éprouvé par le spectacle la mise à mort d’un condamné.
2. La peine de mort, assassinat qui ne dit pas son nom
Ève Morisi explique qu’Albert Camus semble parfois faire se rejoindre différents types de mise à mort, qu’il s’agisse d’assassinats, d’exécutions sommaires ou de peines capitales appliquées suite au jugement d’un tribunal. Ce dernier cas de figure est cependant plus grave aux yeux de l’auteur, car il constitue une sorte d’institutionnalisation raisonnée du penchant meurtrier de l’Homme, même si la peine capitale se drape souvent dans des formes de langage que Camus entend démystifier.
3. La peine de mort, révélatrice de la « Crise de l’homme »
La Seconde Guerre mondiale mettra en branle les convictions abolitionnistes de Camus. En 44, la perte de plusieurs de ses amis résistants amène Camus à soutenir quelque temps une politique d’épuration. Il revient ensuite sur ce choix, accédant même, sans que le coeur y soit, à la demande de Marcel Aymé qui le prie de soutenir le recours en grâce de Robert Brasillach. Il s’exprimera souvent sur cette crise de l’Homme qu’illustrent l’existence et l’acceptation de la peine de mort dans nos sociétés modernes.
4. L’activisme abolitionniste de Camus
Au cours des années 54/55, Camus prend la défense de nombreux condamnés à mort, notamment tunisiens , malgaches, chypriotes et iraniens. Ses interventions permettent de sauver la vie de nombreuses personnes. Lors de la guerre d’Algérie, Camus, militant pour une solution fédéraliste et requérant une trêve civile en vain, souhaitera n’apporter son soutien officiel ni aux violences mortelles du FLN, ni à celles des ultras et d’un gouvernement français qui pratique la torture. Cependant, il apportera, à titre privé, son aide à plus d’une centaine de condamnés à mort en appuyant leur recours en grâce. Cette lutte contre le couperet durera jusqu’à la fin accidentelle de sa vie, en 1960.